"Diviser pour mieux régner"
Quand la discorde devient une stratégie municipale...
En politique et en sociologie, diviser pour régner (du latin divide et impera) est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en œuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question.
Dans un paisible village niché entre champs et forêt, tout au Sud de l'Aveyron, l’harmonie d’antan a laissé place à une atmosphère pesante depuis quelques années. Ce village où les soupçons se glissent entre les mots et où la confiance s’effrite au coin des ruelles.
Au centre de ce dérèglement social : un maire, habile stratège, qui semble avoir érigé la devise "diviser pour mieux régner" en véritable mode de gouvernance.
La fracture comme outil de contrôle
Plutôt que de rassembler, le maire alimente les clivages. Les rivalités anciennes sont discrètement réveillées, les différends mineurs sont amplifiés, et chaque groupe est subtilement incité à se méfier de l’autre. Les "étrangers" sont opposés aux "natifs", les résidents permanents à ceux dont ce n'est que la résidence secondaire, les riverains du centre village à ceux des lieux-dits. Chacun se sent ignoré, mais aussi soupçonné, jalousé, ou exclu. Pendant que la population se divise, le pouvoir municipal reste intact, voire renforcé.Promesses ciblées et faveurs sélectives
La méthode est bien rodée. Les décisions ne sont jamais collectives, mais distribuées au compte-gouttes, selon les loyautés et les tensions du moment. Quelques largesses à quelques privilégiés par-ci, un soutien à un projet par-là, la construction d'un boulodrome avec inauguration officielle dispendieuse… Tandis que d'autres se voient refusé une entrevue ou une demande simple qui reste sans réponse réelle... Chaque action semble répondre à une stratégie précise : créer des frustrations, exacerber les inégalités, et forger une dépendance à l'égard du pouvoir central.La peur du désaccord
Ce climat n’encourage pas la contestation. Les voix dissidentes sont vite isolées, perçues comme "problématiques" ou "manipulées par l’autre camp". Ceux qui "ne jouent pas le jeu" ou "n'ont pas les bonnes fréquentations" sont discriminés, victimes d'ostracisme, la parole publique se fait rare, les réunions de village deviennent des formalités, et les rares "débats" sont soigneusement dirigés ou évités. Ce qui circule bien, ce sont les rumeurs — souvent alimentées depuis la mairie elle-même — et les ressentiments.Une stratégie efficace… mais destructrice
Il faut reconnaître à cette stratégie une certaine efficacité politique à court terme : en divisant, le maire élimine toute forme d'opposition cohérente. Mais à quel prix ? Le tissu social du village s'effiloche, les projets communs stagnent, et la solidarité — ce ciment des petites communautés — se délite.Les citoyens, méfiants les uns envers les autres, finissent par s’éloigner des affaires publiques. Et dans ce vide démocratique, le maire gouverne sans conteste… mais sur un village désuni.